Bureau de tabac Voyage en intranquillité « Fernando Pessoa en quête d’écriture. Ses sensations d’écrivain, poète, mises à jour dans l’immédiateté du temps... d'un spectacle. Tel est le voyage que propose ce collectif pluridisciplinaire : Valérie Moyon (Compagnie Hypothèse Théâtre) met en scène Bénédicte Rossignol ; elle s’est adressée à Claire Sauvaget, plasticienne pour la création vidéo et François Donato pour la composition de l’espace sonore électro-acoustique… « A part ça, je porte en moi tous les rêves du monde » Une présence suspendue à des mots distillés. Ceux de Fernando Pessoa, ou, devrait-on dire, d’Alvaro de Campos, l’un des nombreux hétéronymes de l’auteur portugais. Le temps s’étire, s’allonge, se distend, ouvre des brèches béantes dans l’imagination. Ces mots en suspension sont autant de bulles gazeuses nous guidant vers un voyage intérieur. Un voyage sensoriel et mental. Dans une semi - pénombre ponctuée de quelques éclats de lumière, la statue humaine s’anime peu à peu et fait glisser les mots sur les vidéos projetées. Son et images réifient ce que pourraient être les projections mentales de l’écrivain écrivant. Car tel est le voyage : avancer au rythme de l’écriture et non de la lecture, plus rapide, plus rectiligne. Nous marchons là dans le sinueux, le lent et le suspendu de la pensée d’un artiste en butte à sa quête d’inspiration. En butte à ses doutes aussi. A quoi bon les conquêtes, à quoi bon les projets, à quoi bon ? Ces gesticulations et ces prouesses se termineront-elles dans le caniveau ? Sursaut salvateur : tout ce que l’on peut attendre de l’existence est sensation, le reste n’est pas à espérer et ne viendra peut-être même pas. Une prise de conscience métaphysique aussi : le monde n’est limpide que dans le rêve. Nous croyons le saisir ? Il s’évanouit comme une ombre fuyante… » Stéphane Labarrière Le Clou dans la planche. Janvier 2014 |
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Le dit du voir Oracle : lat. oraculum, du verbe orare, parler Bernard Guittet propose au Ring, avec Oracle, une forme inusitée et une réflexion sur le regard et la parole. … Le résultat, superbement maîtrisé dans toutes ses parties et, surtout, dans le plus délicat : le rythme, n’est bien sur pas du théâtre. Pas plus et pas non seulement du peindre, pas seulement du dire non plus, mais une invite à la réflexion par exemple et l’offre d’une matière à penser. Un curieux objet de scène qui, au final, tient plus volontiers de la chorégraphie que de n’importe quel autre art de scène. … On goûtera aussi bien la beauté de l’ensemble, beauté froide dans son intellectualité, que seuls réchauffent les noirs profonds apparus sur le papier comme autant de mystères, de signes d’humanité. Jacques – Olivier Badia Le Clou dans la planche. Février 2011 |
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L’Accident Linéaire Une performance radicale. La Cie Hypothèse théâtre et Silémo présentaient au Théâtre de Cahors leur coproduction L’Accident Linéaire. Une performance radicale et déstabilisante mêlant le geste, le son, la parole et la vidéo. … Un fond noir barré de deux rideaux en plastique transparent, une ligne de vie horizontale qui défile tel un électrocardiogramme entre deux vies ; des boites lumineuses d’où sortent des images organiques et cellulaires et deux femmes qui se déplacent sur la scène. L’une est le verbe, l’autre le geste, comme si cette expérience radicale du théâtre dissociait le corps de la parole. Impossible pour autant de retenir le sens du texte extrait de « La machine de l’être » de Jean - Noël Hislen. Mais les mots récités comme une litanie par la comédienne Anne Cammas impriment leur trace. On sent qu’il est question du corps, cette « bouffonnerie passagère », animé par une vie autonome. Des organes, de leur vie et de leur mort, et de « l’invisible obscénité de l’intérieur ». Bref, L’Accident linéaire relève plus de l’expérience théâtrale que du théâtre tout court. Mis en scène par Valérie Moyon et en geste par Françoise Tartinville, le spectacle s’inscrivait dans le cadre du programme Ecritures d’aujourd’hui mis en place par le théâtre Cahors. IM / La semaine du Lot décembre 2004 … Deuxième représentation ce soir au Théâtre Municipale de Cahors de « L’Accident linéaire » dans le cadre d’une série théâtrale intitulée « Ecritures d’aujourd’hui ». La précision n’est pas inutile car le public est invité à se familiariser avec une nouvelle forme de théâtre. Très « arts plastiques », commente Valérie Moyon, metteur en scène. Sur le mode du collage. Le récit n’est pas narratif mais se construit à partir de sensations, d’émotions. Rien n’est imposé au spectateur. C’est à lui de vivre les ressentis que suscite en lui le spectacle »… « L’Accident linéaire » se présente comme une mémoire du corps. Le deuil renvoie à la ligne de vie, fil conducteur de perceptions abstraites qui touchent à l’indicible. La référence littéraire aux Parques place le spectacle dans une longue lignée (c’est le cas de le dire) poétique et philosophique. Référence encore à Adonis et ses métamorphoses vues par Ovide. Bien entendu, l’écriture scénique peut surprendre le spectateur. Il lui est pourtant donné à voir un aspect de la création artistique actuelle, qui bouscule les repères habituels pour mieux donner à ressentir. Il faut un peu de temps pour s’acclimater et l’envie de se laisser à « vivre » les mots, les gestes et les images. La Dépêche du Lot Jeudi 2 décembre 2004 |
L' accident linéaire
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