Historique
Spectacles (1993 à 1998)Abel et Bela de Robert Pinget (1995) Deux acteurs qui font le projet d’une pièce. Décor : deux fauteuils sur la scène vide. Robert Pinget définit très bien lui – même le thème d’Abel et Bela. L’entrée en matière dans le vif du sujet dès les premières lignes du dialogue entre les deux acteurs qui font le projet d’une pièce est tout un programme, la meilleure introduction et le meilleur compte rendu de cette pièce : - Une pièce de théâtre oui, une pièce de théâtre… Reste à savoir… - Reste à savoir ? - Ce que c’est que le théâtre ? - Ce que c’est que le théâtre ? Une scène, des acteurs, un texte. - Ce que c’est, ce que ça doit - être, sa nécessité… sa transcendance. … - Et après ? - L’essence du théâtre. Ce qui fait que ça ne peut être autre chose, que ça doit être, que c’est fatal. - A se poser des questions sur la nécessité, sur l’essence et consort on va foirer comme la dernière fois et je refuse. Je ne suis pas un dilettante ! Le coup de théâtre à la fin de la pièce rétablit l’équilibre. La pièce est le lieu de la discussion sur ses raisons d’être : le sujet. Elle finit par se faire sans les deux personnages qui ont perdu leur temps en discussions (stériles ?). Mais dans le projet de Pinget le dialogue pose en même temps le sens de tout cela et du passage à l’action… Au théâtre la projection ne suffit pas, il faut que les personnages s’incarnent et passent à l’acte. Il ne faut pas confondre l’univers romanesque avec le théâtre. Il ne sert à rien de rêver, il faut dire l’impossibilité du dialogue par le dialogue, là, maintenant, en présence du public… sinon le vrai spectacle se fera sans Abel et sans Bela… « … Robert Pinget dramaturge, c’est la parole au cœur du drame, c’est une habileté immense dans la libération de l’écrit par le choix d’une perspective dialogique présente jusque dans le monologue ? La conversation est baroque car musicalement chargée ? Les mots défilent dans les répliques ou les répliques défilent pressées par leur brièveté : le mouvement est donné par l’écriture à partir d’une parole perpétuelle. Pour les personnages de Robert Pinget la parole sera le terrain d’un incessant ressassement, d’une éternelle quête de soi… … Robert Pinget reste maître de son texte et ne s’abandonne jamais au néant même lorsqu’il en donne la représentation. Pour ce qui est du ton le spectateur hésitera entre l’humour le plus cynique et le plus tendre. L’auteur exerce un dosage sans faille des ingrédients de la tragédie et de la comédie et il n’y a qu’ainsi que pourra nous apparaître supportable la perte systématique d’identité dont souffrent ses personnages. La dérision issue du mouvement moderne (Ionesco, Beckett) devient spontanée, et malgré l’impossible rencontre, le ludique permet dans le texte de Robert Pinget la quête vaine et silencieuse de la vérité travaillée par la mort et la folie. » Barbara Barthes |
Equipe artistique
Mise en scène : Jean-Marc Brisset Comédiennes : Valérie Moyon, Marie-Eve Santoni. Réalisation décor : Bertrand Trocmé Coproduction - Hypothèse Théâtre - Théâtre Studio (Cave Poésie). Diffusion - Festival international Universitaire de Casablanca (prix d’interprétation) Septembre 1994 - Cave Poésie (trois semaines Février 1995) |