L’Accident Linéaire est une performance d’environ 50 mns qui développe une écriture gestuelle chorégraphiée en présence d’un texte poétique de Jean-Noël Hislen. La thématique mise en espace étant l’organicité du corps et sa disparition. L'accident linéaire est un spectacle réalisé en coproduction entre les compagnies Silémo (actuellement Cie Atmen) et la Cie Hypothèse Théâtre. Il développe à partir de la thématique du deuil, un thème plus large, celui de la ligne : ce fil de notre destin tissé par les Parques, ce fil de vie parfois fragile, constitué d'infimes brisures. Cette thématique se révèle et prend son sens à travers l'emploi de plusieurs formes artistiques : le texte, le geste, la musique et l'image vidéo. L'aspect pluridisciplinaire de notre travail est fondamental. Notre souhait est d'aller chercher dans chacun des médias la présence de l'autre : explorer le texte avec le corps, le corps dans le texte, l'image dans le geste… Et à travers ce tissage, trouver les points de rencontres, les points de tensions pour créer un langage commun. Notre travail vise une abstraction du langage où "ce qui se dit " apparaît dans sa forme universelle. Cette approche s'articule principalement autour de l'image : celle du geste où chaque mouvement traduit une image métaphorique et où chaque geste tente de donner une émotion commune. L'approche du texte aussi, où la rencontre et l'association des mots provoquent des images fortes et violentes. L'image vidéo enfin se révèle à travers une représentation abstraite. Ces images sont des prétextes, des provocations pour faire surgir chez chaque spectateur des sensations enfouies, et lui donner la possibilité avec ces " cailloux blancs " d'aller à la rencontre d'un univers personnel. Afin d'explorer de manière approfondie les différents aspects et les diverses facettes du sujet, nous travaillons par étapes. Chaque nouvelle étape correspond à une présentation publique, fruit d'un long travail de recherche. L'accident linéaire s’est développé en trois étapes. Chaque étape est différente et la matière créatrice est en perpétuelle évolution. Les éléments de base demeurent (thématique, forme gestuelle ) tout en préservant nos principes dramaturgiques, à savoir le lien existant entre les interprètes, le rapport à l'espace et le rapport au temps. Notre regard sur la ligne est celui du fil qui tisse nos vies, un fil apparemment continu, mais parfois aussi fragmentaire et ponctué de disjonctions. Nous tentons d'explorer ces interstices et ces points de ruptures par un dialogue contrasté entre un mouvement corporel très dessiné et la réalité d'un corps brut et abandonné. Pousser le corps dans ses retranchements. Il s'agit aussi d'utiliser une matière textuelle et d'approfondir le travail des mots ainsi que leurs résonances avec les autres médias. L'image est elle aussi questionnée : elle est à la fois intemporalité (ligne) et mémoire d'un instant fixé à jamais (point de la ligne). La thématique "linéaire" que nous développons dans le spectacle se nourrie d'œuvres contemporaines, d'artistes tels que Pierrette Bloch, Christian Boltanski, Bernard Frize ou Opalka (le fil, la mémoire, la ligne et le temps), ainsi que "Point, Ligne, Plan" de Kandinsky. L'accident et la rupture qui brisent la ligne à chaque seconde, nous séparent de l'autre et de soi pour nous laisser démunis et fascinés par l'existence organique de la vie. C'est aussi un jeu d'illusion où la ligne "frontière" entre le souvenir, le présent, et l'instant d'après s'efface peu à peu. "L'accident Linéaire" joue perpétuellement avec la perception du spectateur. Aussi la ligne apparaît comme un principe fondamental de création artistique. Que ce soit pour l'écriture, la musique, la danse, l'architecture, les arts plastiques ou le théâtre, la ligne est cette nécessité incontournable d'avancer, de faire le lien dans la rupture ou la fragmentation. La ligne nous ouvre sur toute une imagerie et nous interroge sur notre rapport à l'art. La ligne de vie qui se déroule tout au long du spectacle devient, par une mise en abîme, la ligne véritablement éphémère de celui-ci. Le geste est au centre du spectacle. Il constitue le noyau, il fait le lien entre les différentes disciplines. Toujours dans la perspective du collage, le geste est l'élément qui va rassembler, il est le "fil" conducteur du spectacle, le mouvement qui avance et se distribue. Composé d'actions et de sensations, il se distingue dans sa particularité. Construit comme un langage autonome à partir d'improvisations, il devient une écriture à part entière dans l'espace. Il fait appel à une mémoire enfouie, sur l'expérience du deuil. Il va retranscrire de façon instinctive et libre dans un temps présent les sensations et les émotions d'une expérience vécue dans le passé pour ouvrir sur un horizon futur. Le traitement du deuil se tourne définitivement vers la vie. Peut-être "inclassable", ni danse, ni mime, ni théâtre, le geste existe par lui-même dans une forme non narrative et tente de positionner la perception du spectateur dans une relation différente à la scénique, oubliant le mode de compréhension pour s'abandonner au domaine sensible. |
Équipe Artistique
Création de Françoise Tartinville Mise en scène de Valérie Moyon Interprétation Anne Cammas et Françoise Tartinville Création vidéo Eric Ménard, Thomas Rathier Création musicale Adrien Amey Textes extraits de "La Machine de l’Être" de Jean-Noël Hislen Crédit Photo : Philippe Lévêque Partenariats, soutiens et diffusion Cie Silemo (actuellement cie ATMEN) La gare au théâtre à Vitry sur scène DRAC Midi-Pyrénées, Conseil Général de la Haute-Garonne, Mairie de Toulouse. Espace Roguet (Toulouse), Centre d'Initiatives Artistiques de l'Université Jean Jaurès à Toulouse. « Truc Sphérique » : Lieu de création alternative et expérimental à Zilina en Slovaquie avec le soutien de l’Alliance française de Zilina Théâtre de Cahors |